lundi 7 septembre 2009

Le Zanskar avant que tout n'ait changé



Laissez nous vous raconter un peu l'histoire du Zanskar, vieux royaume perdu et longtemps ignoré, au milieu d'un monde froid et minéral, celui de l'Himalaya.

Le
Zanskar ce sont trois vallées formant un grand Y, barrées par de hauts cols couverts de neige pendant l'hiver. Le Zanskar c'est un fleuve qui rejoint la ville de Leh au Laddakh en se frayant un chemin parmi des gorges accidentées ou aucune route ni chemin ne passe (pour l'instant).

1970 : Quelques anthropologues
motivés et obstinés viennent découvrir ce paradis perdu. En 1977 parait une série de reportages réalises par le français Michel Peissel intitulés : "Le Zanskar, le dernier endroit ou le monde tourne rond". A cette époque les zanskaris se déplacent uniquement a cheval, franchissant des passerelles de cordes plus que périlleuses. Bêtes et hommes se soignent parfois au fer rouge. Polygamie, polyandrie et mariages forcés sont de mise dans les familles, notamment pour réguler les naissances. Les habitants portent le manteau et le chapeau traditionnels, aux bords relevés de meme que les bottes en feutre. Seules quelques jeep téméraires réussissent alors a rejoindre en été cette enclave.

Olivier
Folmi, photographe français, viendra lui dans les années 80 faire de sublimes photos, que vous avez sans doute déjà tous vues, dans les vitrines des librairies de France et de Navarre ou sur des cartes postales. Photos de ce peuple qui chaque hiver emprunte a pas de loup le fleuve gelé, aux mois de janvier et février, pour rejoindre la ville de Leh, seul moyen de communication avec l'extérieur.

Au meme moment
déboulent au Zanskar des agences françaises de trekking qui s'emparent de ce gâteau juteux. Rêve, authenticité et dépaysement garanti, accessible pour tous les fanas du trekking.

Aujourd'hui tout change très vite au
Zanskar. Les routes goudronnées se multiplient, les ponts en ferraille ont remplace les passerelles, les chevaux ont laissé la place aux jeeps et aux camions, les chemises a carreaux et la sempiternelle casquette américaine sont légion. Les époux se marient le plus souvent d'un commun accord. La médecine locale s'est perdue et les zanskaris lorsqu'ils toussent vous demandent un cachet contre la toux, au cas ou il vous en resterait dans votre pharmacie de voyage. Le savoir ne se transmet plus et la globalisation, tsunami infatigable, est arrivée certes un peu en retard, jusque dans les vallées reculées de ce royaume, rattaché a l'Inde en 1947..

En 2005,
Padum la capitale (une rue commerçante en tout et pour tout) de ce "pays" de 180 000 habitants peine a avoir l'électricité 3 heures par soir.

2009, le téléphone portable arrive, l'électricité fonctionne (plus ou moins, nous sommes en Inde quand même) et une route pour rallier
Leh a Padum en 6h est en construction.

Le
Zanskar c'est aussi ce"petit Tibet", rempli de "gompas", ces fameux monastères bouddhistes qui depuis 1000 ans s'agrippent sur ces terres froides et désolées et qui ont fait l'identité de cette région. Depuis 2005 notre association "Solidarijeune" soutient l'un de ces monastères (le plus grand du Zanskar, datant du 11eme siècle), A Karsha. Coup de cœur d'un bande de jeunes occidentaux, avides de rencontre, de dépaysement, le tout en se rendant utile. De l'autre coté des moines bien heureux d'avoir trouve un soutien financier sonnant et trébuchant pour la réalisation d'une partie de leur projet. Bénéfice mutuel et intéressement bien légitime pour une communauté qui ne reçoit aujourd'hui aucun soutien au plan local, car le Zanskar est rattaché au district 100% musulman du Jammu et Cachemire. Ici Mahomet et Bouddha se télescopent dans une entente pas vraiment cordiale.

Nous passerons cette fois ci une semaine a Karsha, au cœur de la vie monastique. Une semaine exceptionnelle puisque nous avons eu la chance de tomber en pleine réalisation du mandala, cette représentation en 2 dimensions et en sable colore du palais de Bouddha. Trois jours de réalisations, sept de prières, puis cette œuvre d'art finira dans la rivière, le but étant de démontrer l'impermanence des choses et des phénomènes.

Une semaine au monastère, a rigoler a gorges déployées avec ces moines au sourire éclatant et a la bonhomie permanente. Une semaine étrange, a regarder ces gens méditer et psalmodier a longueur de journée, le temps d'une vie, en avalant des litres de thé au beurre (les braves!!!) et en mangeant des boulette de "Tsampa" (farine d'orge, base de l'alimentation des zanskaris encore aujourd'hui).

Bichonnes nous le fumes. Visite guid
ée des villages et monastères alentours. Repas de choix avec parfois quelques surprises du terroir (le riz au beurre de yack laissera un souvenir terrible).

Conditions de vie encore très rudes pour ces moines dans un Zanskar en pleine mutation. Padum attend aujourd'hui l'ouverture de la route avec impatience. Pour ne plus avoir a passer par le Cachemire musulman et s'ouvrir d'avantage sur le Laddakh bouddhiste, ne plus avoir deux jours de route pour faire plus de 450 km entre Padum et Leh alors que les deux villes sont toutes proches.

Mais l'ouverture de cette route changera a jamais le visage de ce petit paradis perdu qui risque de ressembler a tout ce que notre siècle a uniformis
é. Désir égoïste d'un occidental de conserver dans cette région du monde une authenticité que nous avons perdus chez nous depuis trop longtemps.

Volonté bien naturelle d'un peuple aux conditions de vie trop rudes de ce moderniser. Accepterions nous de vivre par - 30 deg, coup
és du reste du monde 6 mois par an, a cuisiner au feu de bouse de Yack ? Non sans doute, mais de tels changements vous interpellent et vous font demander ce que notre civilisation laissera de bon une fois passe sur ces siècles de culture et de traditions.


Récolte des bouses fraîches avant l'hiver, combustible pour la cuisine

Maison traditionnelle au Zanskar.

La banane, en toute circonstance, ici pour gouter le "JO", yaourt fermente ma foi assez delicieux


Un Yack!!


Notre chambre au monastere



Preparation de sculptures en pate de farine d'orge et beurre pour les prieres.

Septembre, epoque des moissons (orge et petits pois)








Realisation du mandala


Fresques murales vieilles de 900 ans, peinte a l'epoque par des Cachemiris

Prieres autour du mandala acheve
Preparation des offrandes pour la priere (orge, riz, eau, huile, beurre...)


Vue depuis le monastère. Ce matin, il a neige!!!


Notre equipe de cuisto. Rires et cours de cuisine.


La releve

Visite du monastere de Tongde...


...en compagnie de l'abbe de Karsha, Geshe Lobsang Ketup!

Vue du monastere depuis le village




La nouvelle cuisine et salle a manger, financée par l'association

Lever de soleil et appel a la priere





Non loin de Padum

Village de Pibitting



Lever de soleil en son et image

1 commentaire:

  1. Bravo Jean Phi pour ces photos magnifiques ....!!! Vs rentrez quand dans le pays de la baguette et du bon vin??
    Ah oui , comment fait on sur Blogspot pr mettre autant de photos sur le mm post ??

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