mardi 8 septembre 2009

L'Himalaya sous ses premieres neiges


Et non le voyage n'est pas encore terminé!! Route du retour certes mais encore quelques images et anecdotes a vous faire partager. Nous sommes en Septembre, objectif, rejoindre Delhi par la route depuis le monastère de Karsha. Quelques milliers de Km et d'heures de taxi pour retrouver la chaleur de la plaine. En attendant...

Lundi 6 Septembre :

Nous quittons le monastère, une semaine extraordinaire en tête. Amertume légère de partir de ce paradis et de penser au mot "retour", un mot qui sonne mal dans la tête du voyageur.
La route du Zanskar au Laddakh est exceptionnelle. Chaos de pierre, de glace, de torrents tumultueux. L'homme ici reste humble, se faufile discrètement au milieu des éléments déchaînés.

Le passage du Panzi la (col a 4700m) marque la frontière du Zanskar. Encore quelques stupas, quelques monastères puis tout devient différents. Le "petit Tibet" bouddhiste laisse peu a peu place au Cachemire musulman. Les visages féminins se voilent, les barbes s'allongent, les yeux sont plus perçants et plus verts, les pommettes moins rondes et moins rougies par le froid. Après avoir quitte l'Iran en allant vers l'est, nous avons l'impression de faire le lien en retrouvant ce monde oriental que nous avions laissé.
Les vallées ici sont un lieu de passage. Personne ne s'arrête pour rencontrer ces populations oubliées. L'exotisme, la solidarité internationale, le tourisme, se dépêchent de passer au pays d'Allah pour aller plus loin au pays de bouddha, plus exotique, plus attrayant, plus coloré. Le résultat est que cette partie indienne du Cachemire est une zone de l'Inde extrêmement pauvre. Natalité très forte, hivers très rigoureux, aucun revenu autre que l'agriculture. C'est d'ailleurs en ce moment l'époque des moissons. Les Cachemiris, a dos d'homme, ramènent d'énormes quantités de foin avant que la neige ne vienne peindre en blanc ces vallées vertes, remplies de vergers et de champs.

Le Cachemire c'est aussi et surtout un pays de montagnes, de roche et de glace. Le Nun et le Kun (7136m), plus haut sommets de toute la région, véritables forteresses minérales, surveillent les vallées tout autour. L'homme se sent petit, vulnérable, tout est trop puissant, trop grand. 250 km de pierre et de poussiere plus tard, notre vaillant "Tata Sumo" (jeep locale) arrive a Khargil, ville a 600% musulmane, a 3 Km de la ligne de cessez le feu avec le Pakistan. Militaires, garnisons, couleur kaki et camions a la queue leue leue, rien ici ne vous incite a faire la sieste ou a flâner le long des routes. Il faut ensuite piquer plus a l'est sur 200 km pour rejoindre a nouveau le Laddakh.Le trajet donne vraiment l'impression de s'immerger le temps de quelques heures dans un orient différent, celui que l'on nomme "moyen" bien qu'il ne soit pas le moins "extrême".

Au bord des routes travaillent ceux que l'on appelle les "nouveaux esclaves". Ouvriers originaire de l'état du Bihar, issus des plus basses castes, ils travaillent ici des l'age de 15 ans, loin de tout, sans rien ou presque. Hommes a la peu noire chocolat, turbans sur la tete et anorak a bas prix sur les épaules, ils triment du matin au soir pour un salaire de misère, campent sous des toiles rapiécées et se nourrissent d'un chapati (pain local) et de patates. Nous les croiserons souvent, par centaines le long des routes, a raison de 50 hommes pour l'equivalent d'une machine, touillant a la main un goudron bouillonnant dans de vieux fûts noir pétroles, le nez dans les vapeurs toxiques d'hydrocarbures, cassant des cailloux a la main comme les bagnards d'antan, gagnant le droit de rentrer chez eux cet hiver, quelques roupie de plus en poche et beaucoup d'années d'espérance de vie en moins. Tout ceci pour que des milliers de camions et de jeep puissent rouler un peu plus vite et prendre plus de risques. Toutes ces routes magnifiques et périlleuses, ce sont eux qui les ont creusées, il convient ici de leur tirer notre chapeau car personne ne le fera la bas.

Jeudi 10 septembre :

De retour a Leh, 0h30. Nous partons en taxi pour Manali. Toute une journée enferme dans un tombeau a 4 roues et surtout du frisson. Notre chauffeur, jeune tête brûlée attend 3 autres de ses collègues pour former une folle "caravane" de taxis en route pour les hauteurs. Cette bande de grands gamins irresponsable ne trouve rien de mieux que de taper le rallye dans l'ascension du Tanglang la, col a 5300m d'altitude. Au programme, nuit noire, musique a fond, secousses, que dis-je, "vols planés" de bosses en bosses. A droite dans le noir, un vide sidéral nous fait les yeux doux. Les estomacs se nouent, la respiration se fait courte et l'on croise tous les doigts que l'on trouve. 5h plus tard, sans avoir dormi une seconde, c'est la pause déjeuner, vivants...Devant nos protestations polies mais incendiaires, nous changeons de chauffeur. L'allure restera vive, la musique toujours aussi insupportable mais le danger sera moindre.

Alors que nous filons comme des bolides, un autre souci apparaît : la neige. La mousson en retard avait ici rancard avec l'air froid des hauts plateaux tibétains. Moralité, les derniers cols a passer avant de plonger dans l'Inde humide et encore tropicale se sont peints en blanc. Certaines années, des voyageurs finissent leur trajet la, emportés par une coulée de boue ou une avalanche. La nature n'a que faire des horaires et de la valeur de la vie humaine, ici encore plus qu'ailleurs. Nous avons de la chance, la route restera ouverte. C'est dans un flot de boue et sur une route defoncée que nous finirons le trajet, vivants! Notre chauffeur, vaillant, forçât de la route comme tant d'autres, avalera 20 h de conduite et 480 km pratiquement sans pause, sur des pistes ou chaque coup de volant doit être calculé, pour éviter un trou, le ravin ou croiser uh camion trop large.

Manali, la foret est de retour, il pleut a saut...Tout la haut tombe la neige, qui enfermera les habitants du Laddakh, du Zanskar, du Cachemire et d'ailleurs dans une jolie prison blanche pour les 6 prochains mois.




Depart vers Khargil, derniers villages zanskaris.

Quand les retours de vacances croisent les retours d'alpage...

Col du Panzi la a 4700m. Le gigantesque glacier du Drang drung

Une copine de voyage...

Le monastere de Rangdum, dernier village bouddhiste avant le Cachemire musulman

Rangdum le village, au fond le Nun et le Kun (7136m)

Passage au pied du Kun

Le Cachemire et ses vertes vallées

Routes et paysages désertiques du Laddakh


Les "nouveaux esclaves"


Marche de Leh


Le palais royal de Leh

Route Leh Manali, parfum d'automne...

Baracha la, 4600m...

Rothang la, 3900m peut avant Manali

Foret de montagne sur les contreforts de l'Himalaya a Manali



En images...

1 commentaire:

  1. superbe récit. Merci de nous faire partager cette destination encore peu touristique. Ca me donne quelques idées de futurs destinations et pourquoi écrire à mon tour un carnet de voyage sur cette région.

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